Outre ses vestiges monumentaux, l’emprise du site est considérable. Érigé à l’extrémité d’un plateau, le château domine la ville et la vallée de la Somme. Dans les murs actuels, la plateforme castrale forme un vaste quadrilatère avec des vestiges de bâtiments qui forment un « L ».
À ses abords, il y a de profonds fossés (rue du Rossignol et chemin de Fourdrinoy), une longue terrasse d’artillerie nord-sud, un bâtiment appelé le « pavillon Sévigné » constitué d’un large escalier, l’ancienne collégiale Saint-Martin et des jardins.
XIe siècle : première mention
C’est en 1066 que l’on trouve la première mention d’un château à Picquigny dans l’acte de fondation du chapitre de l’église paroissiale sous le double vocable Saint-Martin Saint-Jean-Baptiste par Eustache, vidame de l’évêque d’Amiens.
XIIe – XIIIe siècles : périodes de troubles
Durant cette période, le château entre en possession des descendants de la famille de Picquigny. Les mentions du château sont très nombreuses en particulier à travers les hommages rendus au seigneur de Picquigny : « castel de Pinkeigny » (1152), « castrum Pinconii » (1218), « castel de Pinkegny » (1269 et 1276), « chastiaus de Pinkeigny » (1302), « castel de Pinquegny » (1368). Ces citations montrent que le château continue à être une place forte militaire majeure.
XIVe – XVe siècles : transformations
Malgré l’état de guerre permanent durant ces siècles. Le château subit des transformations notamment car il s’adapte aux nouvelles techniques de guerre.
Deux événements majeurs montrent l’importance stratégique du site. Le premier est la prise et l’incendie du château par le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, en 1471. Le second est la signature d’une trêve entre le roi de France, Louis XI, et le roi d’Angleterre, Édouard IV, le 29 août 1475, sur une île de la Somme qui met fin à la guerre de cent ans.
XVIe – XVIIe siècle : réaménagement des lieux
Durant cette période, Picquigny reste une place forte qui garde le cours de la Somme. François Ier entreprend un vaste programme de fortifications des villes picardes après avoir perdu Montreuil et Guise en 1536 et 1535. Des travaux sont menés au château entre 1539 et 1583 afin de renforcer les défenses . À la fin du XVIe siècle, le château prend de plus en plus une importance résidentielle, tout en gardant des éléments défensifs.
XVIIIe siècle : La désertion des lieux
Les vidames sont de moins en moins présents à Picquigny, jusqu’à ce que le château soit déserté et devenu inhabitable.
Le dernier vidame est Louis-Marie Joseph, qui délaisse la baronnie et par en exil en 1773. La baronnie est mise en vente en 1741. Le lieu est acheté par à de nombreuses reprises . C’est le comte d’Artois, le futur Charles X qui va finir par acheter la baronnie.
À la Révolution, le domaine devient une simple propriété et est vendu comme bien national au district d’Amiens d’après le décret du 30 mars 1792.
XIXe siècle : Une renaissance des lieux
Cette période voit la renaissance pittoresque et romantique des lieux. De nombreux dessins, lithographies et gravures des ruines nous sont parvenus, ils représentent un témoignage important et unique du site durant cette période. Parmi cette documentation iconographique, il faut noter les réalisations des frères Duthoit qui constituent sans aucun doute la première source iconographique du XIXe siècle pour la connaissance du château.
Il est classé aux Monuments Historiques en 1906.
Le château est légué à la Société des Antiquaires de Picardie le 12 août 1912.
XXIe siècle
En mai 2013, après 92 ans de propriété par la Société des Antiquaires de Picardie, les ruines du château sont vendues à un particulier M. Morange.
La gestion du site est alors confiée à l’association ARChE jusqu’en mars 2024.
C’est en avril 2024 que l’association du château de Picquigny reprend la gestion de ce site.